Bonjour,
en fait nous sommes quand même un certain nombre à avoir ce désir d'adopter en ne rencontrant pas de problème de fertilité.
Lors de notre 1er agrément, nous avions comme seul argument : "C'est une évidence. Nous avons le désir d'agrandir la famille, et quelque part, des enfants ont besoin de parents. Pourquoi pas nous ? Puisque les liens du sang n'ont aucune importance pour nous, que nous savons que nous saurons faire nôtre un enfant que nous n'aurions pas créé..."
Notre projet a été très bien pris, le psy n'a même pas creusé cette question, l'assistante sociale a totalement adhéré à notre façon de voir les choses. Ensuite nous avons été acceptés par un OAA ; lors de l'entretien avec la psy de l'OAA, nous avons nous-mêmes posé la question : "pourquoi n'arrivons-nous pas à expliquer ce désir, pourquoi adopter nous semble être une évidence ?" Elle a simplement souri, nous avons été acceptés 3 jours après.
J'ai rencontré une étudiante en psychologie qui faisait un travail sur le désir d'adoption chez les couples fertiles, ça m'a aidé à y réfléchir, en mettant en parallèle mon passé en tant qu'enfant (au sein d'une fratrie nombreuse), ma relation avec mes parents, notamment ma mère, la vision que j'ai de l'enfant (une personne à part entière ou un mini-moi ?), ...
C'est avant tout un
ressenti, je n'ai toujours pas d'explication rationnelle, mais j'ai pas mal de pistes qui me permettent de penser qu'inconsciemment, toutes ces choses vécues, tricotées ensemble, m'ont amenée à ce choix.
Pour mon mari, je ne sais pas trop, il se pose moins de questions. Simplement, il sent/sait qu'il y est prêt, que le lien de sang ou génétique n'a aucune importance à ses yeux pour considérer que cet enfant est
son enfant. Et qu'en plus il est tout à fait partant pour relever le défi, face à un enfant ayant des difficultés particulières.
Je ne suis pas sûre que l'explication du désir soit si importante. Il faut que le désir soit là, bien présent, qu'il saute aux yeux.
De là à l'expliquer... (D'abord, le désir d'enfant, ça ne s'explique pas, non ?)
En revanche, dans le cas d'un désir d'adoption, il faut être conscients -et le faire savoir aux enquêteurs pour l'agrément- que le désir et l'amour ne suffisent pas. Et il ne faut pas croire, quand on a des enfants biologiques, que cette "expérience" ne peut qu'aider... Parfois ça peut nous laisser encore plus désarmés : il faut totalement revoir les "normes" que l'on connaissait avant : développement psychomoteur, communication avec l'enfant, attachement du côté de l'enfant et du côté du parent...
Pour notre 2ème agrément, la question du pourquoi a été bien plus soulevée, alors que nous avons déjà l'expérience d'une première adoption... C'est assez perturbant d'avoir quelqu'un en face de soi qui, par ses questions, remet d'une certaine façon en cause le désir qu'on a eu il y a 5 ans, et donc la légitimité d'avoir adopté notre fille !
"Pourquoi vous voulez adopter ? Parce que vous ne voulez pas d'une autre grossesse ?"
"Non, c'est l'inverse : nous ne voulons pas d'autre grossesse parce que nous voulons adopter." On a dû répéter 3 fois cette réponse face à notre assistant social qui ne voyait pas la nuance (pourtant de taille !)
J'ajoute une chose : dans nos 2 parcours, nous nous orientons vers des enfants dits "à particularité", des enfants pour lesquels il est plus difficile de trouver des parents. Nous avons plus eu besoin de nous justifier de ce choix que de l'adoption en elle-même...