Bonjour,
Je me permets de faire ce poste, car j’envisage d’adopter (en adoption simple) l’enfant de mon conjoint. Enfin, je me pose surtout beaucoup de questions.
Le petit a perdu sa mère à l’âge de 18 mois. Je l’ai rencontré quand il avait 2 ans et demi. Encore étudiante, je ne le voyais à cette époque que pendant les week-ends et vacances scolaires. Cette situation a durée 2 ans, après quoi je me suis complètement installée avec son père et elle. Il est important aussi de noter qu’après la perte de sa femme (et donc de la mère du petit), son père a perdu les pédales, et s’est laissé prendre son enfant par ses beaux-parents. Ces derniers l’ont gardée 1 ans et demi, après quoi son père a retrouvé assez de force pour le reprendre.
Il y a 3 ans, il voulait m’appeler « Maman ». Personne n’y voyait d’inconvénient (même pour ses grands parents maternels) mais pour moi c’était impossible. Je n’étais pas prête, je me trouvais trop jeune (à peine 23 ans !), et cette responsabilité qu’il y avait derrière ce mot me semblait beaucoup trop importante, bref, j’avais peur de prendre un tel engagement, et je n’étais pas convaincue de l’aimer comme une maman aime son enfant. Il m’appelle donc encore par mon prénom, sauf de temps en temps (surtout pour voir si je réagis, et aussi quand il est entouré d’autres enfants avec leur maman…)
A présent le petit à bientôt 6ans et demi. Avec son père nous avons eu un enfant qui a 1an et demi. Le petit s’est extraordinairement épanoui, et j’ai un très bon contacte avec lui. Enfin, et surtout je l’aime. Quand il est malade, je suis inquiète, quand il n’est pas là, il me manque. On fait plein de choses ensemble, beaucoup de câlins, et de moments privilégiés qu’on partage tous les soirs, juste tous les deux…
Je ne peux pas assurer à 100% que je l’aime comme mon fils, car je ne l’aime déjà pas comme mon « propre » fils. Mais aime-t-on réellement tous ses enfants de la même façon ? Je l’aime, c’est un fait indéniable. Cependant je me pose des questions. Que se passerait-il par exemple si je me séparais de son père, est-ce que je voudrais continuer à m’occuper de lui ? Est-ce que je suis prête à m’engager à l’aimer, et le soutenir toute ma vie ? Est-ce qu’en l’adoptant je ne lèse pas mon fils ? Je veux dire, il a déjà une famille maternelle, il n’y aurait donc pas égalité entre les deux. Même si dès à présent ils ne sont déjà pas égaux… Enfin, il y a aussi ma famille. Je ne suis pas certaine que ces derniers l’accepteraient comme mon fils, et donc comme leur petit fils, neveux, … j’ai peur de leur dévoiler un rôle que je ne leur ai jamais vraiment montré.
Se désire de l’adopter, et de lui faire cadeau de ma personne vient de diverses considérations. Je n’arrive pas à déceler si elles sont ou non sensées. La seconde est que je le voie comme mon fils, et que j’aimerais légitimer cette vue. La première est que je le voie « souffrir » de cette absence de maman, et de ce rôle étrange que j’ai auprès de lui (à moins que ce soit moi qui souffre ?). Je voudrais aussi qu’il ne se sente pas exclu de la nouvelle famille qui se construit avec mon fils. Qu’il n’ait pas l’impression de ne pas avoir l’amour auquel tout enfant a le droit. Qu’il se sente sur un même pied d’égalité que son (demi-)frère auprès de nous (son père et moi). Enfin, au quotidien j’aimerais pouvoir m’impliquer pour lui, pouvoir prendre de réelles décisions. Pour le moment je n’ai qu’un rôle consultatif, et cette absence de « pouvoir » (en quelque sorte) m’empêche de m’investir encore plus ; d’énoncer haut et clairement ce que je pense être le mieux pour lui, ce qui me semble important, ce que j’aimerais, … etc.
Quand on a commencé à en parler (après avoir vu la prophétie des grenouilles un magnifique dessin animé d’ailleurs), il était complètement enthousiasmée, tout comme son père. Bon, de mon côté je me posais tout de même des questions… Plus tard, il en a cependant discuté avec ses grands-parents maternels (qui sont clairement opposés) et depuis il ne veut plus en entendre parler. Il a peur qu’on le force à oublier sa « vraie » maman, et d’ailleurs me reproche de ne pas accepter qu’il y ait des photos de sa mère dans toute la maison (il y en a dans sa chambre, ainsi qu’un album photo complet). Soyons claire sur ce point, je ne veux pas qu’il oublie cette maman qui l’a attendu, mis au monde et incroyablement aimé. Mais je ne sais pas comment le convaincre.
Nous avons vu un psy tous ensemble et aussi le petit tout seul. Ce dernier a insisté sur le fait que quelque soit la décision à prendre elle nous revenait à nous « parents » et pas à lui enfant. Si initialement j’examinais ce projet d’un œil favorable son refus clair et net me bloque tout de même énormément, surtout additionné avec mes propres angoisses.
Je n’ai pas réellement de questions, mais j’aimerais beaucoup avoir des témoignages, des conseils, … même si pour le moment, je pense que le projet est abordé.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire.
Ma.
Adoption simple enfant du conjoint
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Re: Adoption simple enfant du conjoint
Oui, c'est pas simple....
Déjà, vous vous posez les bonnes questions... Décider de l'adopter, ça veut dire que vous vous engagez, à partir du moment où l'adoption est prononcée, à être réellement sa mère, et donc à le considérer réellement comme votre fils (et notamment en cas de séparation d'avec votre conjoint, il sera aussi votre fils et vous devrez donc continuer à vous en occuper). C'est quand même ça, la définition de l'adoption !
Une fois ces question posées, si vous êtes vraiment prête à vous y engager (votre avis à vous, sans influence extérieure), la deuxième étape c'est comme vous l'avez fait d'avoir l'adhésion de votre conjoint; et secondairement celle de l'enfant. Mais pour celle-ci, il est clair qu'il est influençable....
Vu que ce qui l'a bloqué, c'est la réaction de ses grands-parents maternels, si vous et votre conjoint souhaitez cette adoption, je pense qu'il vous faudrait en parler avec eux (de toute façon il me semble qu'ils ont leur mot à dire, même si je n'en suis pas certaine). Leur expliquer que ce que vous demandez est une adoption simple et non plénière, et leur dire clairement quelle est la différence: d'un point de vue purement juridique, pour l'adoption simple, la nouvelle filiation s'ajoute à l'ancienne, et l'enfant garde son acte de naissance originel d'ailleurs. Les liens avec la famille antérieure sont obligatoirement préservés. On ne nie pas la filiation précédente, on la complète par une nouvelle ; et du coup l'enfant aura donc trois parents, dont seulement deux ont l'autorité parentale. Expliquez-leur bien que vous ne voulez nullement remplacer sa maman de naissance, mais que vous sentez que ce serait peut-être mieux pour lui d'avoir une nouvelle maman, présente au quotidien, sans renier aucunement l'ancienne... sans compter l'aspect pratique dans les démarches.
Bonne réflexion !
Déjà, vous vous posez les bonnes questions... Décider de l'adopter, ça veut dire que vous vous engagez, à partir du moment où l'adoption est prononcée, à être réellement sa mère, et donc à le considérer réellement comme votre fils (et notamment en cas de séparation d'avec votre conjoint, il sera aussi votre fils et vous devrez donc continuer à vous en occuper). C'est quand même ça, la définition de l'adoption !
Une fois ces question posées, si vous êtes vraiment prête à vous y engager (votre avis à vous, sans influence extérieure), la deuxième étape c'est comme vous l'avez fait d'avoir l'adhésion de votre conjoint; et secondairement celle de l'enfant. Mais pour celle-ci, il est clair qu'il est influençable....
Vu que ce qui l'a bloqué, c'est la réaction de ses grands-parents maternels, si vous et votre conjoint souhaitez cette adoption, je pense qu'il vous faudrait en parler avec eux (de toute façon il me semble qu'ils ont leur mot à dire, même si je n'en suis pas certaine). Leur expliquer que ce que vous demandez est une adoption simple et non plénière, et leur dire clairement quelle est la différence: d'un point de vue purement juridique, pour l'adoption simple, la nouvelle filiation s'ajoute à l'ancienne, et l'enfant garde son acte de naissance originel d'ailleurs. Les liens avec la famille antérieure sont obligatoirement préservés. On ne nie pas la filiation précédente, on la complète par une nouvelle ; et du coup l'enfant aura donc trois parents, dont seulement deux ont l'autorité parentale. Expliquez-leur bien que vous ne voulez nullement remplacer sa maman de naissance, mais que vous sentez que ce serait peut-être mieux pour lui d'avoir une nouvelle maman, présente au quotidien, sans renier aucunement l'ancienne... sans compter l'aspect pratique dans les démarches.
Bonne réflexion !
Patricia, maman de deux grandes filles chocolat et miel (Ethiopie/Vietnam) de 17 et 13 ans, arrivées à 1 an