Le chemin pour arriver à l'autonomie pour ta petite fille risque en effet d'être compliqué, il va en effet falloir, comme tu dis, trouver des ressources éducatives, mais je t'assure que c'est possible. Le fils d'un de mes anciens collègues est disphasique, il a obtenu aujourd'hui en CAP et est en apprentissage ... et il est bien dans ses baskets!
Tu as raison, il est important pour les parents et l'enfant aussi de mettre des mots sur les causes des difficultés. Je connais une maman qui a une petite fille( biologique) autiste et je sais qu' elle a été véritablement soulagée depuis qu'elle a eu le diagnostic, pourtant très dur à entendre, car auparavant, elle se débattait.... dans le vide.
Tu as raison aussi d'analyser ta position, ton deuil à faire, ton acceptation du handicap. Je crois que je te l'ai déjà dit, mon mari est professeur des écoles, il a travaillé en CLIS, il est aujourd'hui en maternelle mais il a souvent en charge des élèves en situation de handicap du fait de son expérience en CLIS. Il m'explique souvent comment le cheminement des parents est long pour accepter la réalité de leur enfant et je peux te dire qu'il comprend tout à fait comment c'est difficile, et encore plus quand c'est l'aîné(e) et que c'est le premier enfant.
Je me souviens très bien comme tu avais peur d'une déficience, je comprends totalement ton effondrement en lisant ces diagnostics, mais il faut faire confiance à ta petite fille que tu dis "adorable, gaie, extravertie, attentionnée avec les autres. Un rayon de soleil". Ces qualités-là font faire qu'elle va s'en sortir!
A la lecture de ton mail, je me suis aussi dit qu'il était peut-être dommage que tu refuses la CLIS et que tu veuilles que ta fille tente un CP actuellement. J'espère que tu ne prendras pas mal ce que je te dis et ce que mon mari te dit. Je sais comme la CLIS fait peur aux parents... ( comme en fait toutes les structures spécialisées de l'Education Nationale) ... et je sais aussi comment cette structure peut aider des enfants à reprendre confiance en eux et à trouver leur chemin. Tu dis que ta fille "refuse d'essayer les activités dans lesquelles elle se sent en échec" : la confiance risque de grandement lui faire défaut au CP où elle sera forcément en décalage avec les autres. C'est pourtant en CLIS qu'elle pourra se sentir en confiance, qu'elle osera les activités où elle a des difficultés ; c'est en CLIS qu'elle pourra trouver le moyen de raccrocher ensuite un CP (en cours d'année ou en fin d'année).
J'ai fait lire ton mail à mon mari ; votre situation, il sait combien elle est difficile à vivre, combien il est dur de prendre des décisions, en ne sachant pas si on prend "la" bonne" pour l'avenir de l'enfant, il s'occupe cette année d'un enfant sourd-muet et avec d'autres difficultés, dont les parents petit à petit comprennent que le CP classique ne sera sûrement pas possible et c'est très douloureux. Ce dont j'avais seulement l'intuition en te lisant ( pourquoi vouloir absolument le CP maintenant?), il le formalise de manière plus professionnelle en te lisant ( j'écris ce qu'il vient de me dire) : Tu dis "je ne veux pas laisser tomber trop tôt." ; selon lui et d'après ce que tu dis de ta fille, c'est en voulant tenter le CP et en refusant la CLIS que "tu laisses tomber". Car c'est la CLIS qui peut permettre à ton enfant de prendre confiance en elle et de réussir un CP ultérieurement. Certains parcours d'enfants n'empruntent pas la même voie que les autres, il faut laisser à ces enfants la possibilité de prendre leur temps sans se retrouver en position d'échec, il faut faire confiance au structures spécialisés quand elles correspondent aux profils des enfants. Selon son expérience, il a eu en CLIS 2 enfants qui avaient redoublé et triplé leur CP... à leur arrivée en CLIS, après échecs répétés de ces CP, ces enfants étaient meurtris car mis depuis le début en situation d'échec ( et là, il y a des dégâts de faits au niveau psy) ; il a eu au contraire des enfants qui étaient en CLIS et qui arrivaient à raccrocher des classes "classiques", d'abord en séances ponctuelles, puis ensuite pour un emploi du temps à mi-temps et même une année entière. Et quelle fierté, selon lui, pour son élève de CLIS qui allait aux séances de lecture de CP! Et c'est cette fierté, cette estime de soi-même qu, pour lui, est importante pour l'enfant.
Aujourd'hui, les enfants en CLIS y sont rarement "à temps plein" : la plupart des temps, l'équipe éducative propose des passerelles avec une classe du cursus "classique", selon des emplois du temps aménagés : au début, cela peut être en musique, en sport, en arts plastiques, de activités où on estime que l'enfant peut suivre et s'intégrer dans les activités de la classe... puis ensuite cela peut être en écriture, lecture, mathématiques. L'équipe éducative de ta fille a t-elle proposé cette piste?
Je commence à te connaître au vu des différents mails que tu as envoyés sur ce forum

Je te souhaite plein de courage en 2012 pour vivre cette situation Patricia, je te souhaite aussi de continuer à profiter pleinement de tes 2 rayons de soleil, je souhaite à ton aînée de prendre confiance en elle et à sa cadette de continuer tout tranquillement ses apprentissages!
Amitiés.
Sand
PS : Si tu veux qu'on échange + en privé, pas de problème, nous habitons pas très loin de chez toi, à Lyon, et mon mari est de l'Ain!