nous sommes parents de 4 enfants :
- une grande fille bio (blondinette) de 13 ans ;
- une fille adoptée, originaire d'Ethiopie, arrivée à l'âge de 11 mois et qui a 12 ans maintenant ;
- une garçon bio (blondinet aussi !) de 4,5 ans ;
- et une fille adoptée de 4 ans, originaire de Chine, arrivée à l'âge de 2 ans.
La différence de couleur a pu poser quelques questionnements à notre première adoptée. Surtout quand nous vivions dans une petite ville avec très peu d'immigration, quand on croisait une personne noire, ma fille la dévisageait très intensément (moments gênants !

En fait, pour ma part, j'étais particulièrement à l'aise avec le fait que l'adoption soit visible. Entendre, depuis son arrivée, des maladroits "Oh qu'elle est jolie ! Elle vient d'où ?" et autres "Et vous connaissez ses vrais parents ? Ils sont morts c'est ça ?", cela a finalement eu du bon : le sujet de l'adoption est abordé très régulièrement, elle nous a entendu parler adoption depuis toujours, et nous a aussi entendu poser nos limites quant au respect de son histoire (car évidemment on ne raconte pas ce qu'on sait sur ses parents ne naissance !).
Il ne faut pas croire qu'être "adopté invisible" n'a que des avantages. Certes on est "tranquille" et traité comme les autres. Mais du coup, aborder le sujet de l'adoption peut presque ressembler à avouer un secret. Je pense notamment au jeune qui se met en couple et qui veut aborder le sujet de son histoire... Cela sera moins facile, moins évident, moins transparent, que pour mes deux filles qui n'auront qu'à présenter leurs parents ou un de leur frère ou soeurs, pour que ce soit dit, en toute simplicité.
Bon, il n'y a pas que des côtés roses dans l'adoption visible. L'apparence physique jour un rôle important dans les relations sociales. Lorsque les enfants grandissent, à l'adolescence, ou plus tard, ils peuvent avoir besoin d'intégrer une communauté qui leur ressemble, et de s'y sentir intégré. Il faut donc être à l'aise avec cette idée.
C'est une question que je pose quand je rencontre des postulants qui se disent ouverts à toutes les origines : quid des pupilles d'origine rom ou maghrébine ?
Sur le sujet, je vous conseille la lecture de "Vivre et grandir dans l'adoption : Entre appartenances et quête d'identité" de Cécile Delannoy et Catherine Vallée.
Sinon, concernant le fait d'être noire dans une famille de blancs, je ne crois pas qu'il y ait eu des problèmes particuliers. Petite, notre fille a eu une très courte période où elle aurait voulu être blanche et blonde comme sa grande soeur mais ça n'a pas duré. Elle râle régulièrement contre ses cheveux crépus (dont il m'a fallu apprendre à m'occuper, ce n'est pas si anodin comme question !), et regrette sa petite taille (un format éthiopien dans une famille format hollandais), mais elle se trouve belle... et elle a bien raison, c'est une beauté !
Je finis sur un dernier point : il me paraissait important que notre fille ne soit pas la seule adoptée de la fratrie. Nous avions en tête, après son adoption, que si nous avions un autre enfant il serait adopté lui aussi. Et en effet, autant la naissance de notre fils bio l'a beaucoup perturbée, autant l'adoption de notre petite dernière l'a aidée à s'ancrer dans la famille, comme si cela la confortait dans sa place. (Si mes parents ré-adoptent, c'est qu'ils ne sont pas trop déçus de moi ?)