abandonné 2 fois : en Roumanie puis en France

[ananda]

T. a été adopté en 1991 en Roumanie à l'âge de 3 ans puis abandonné par ses parents adoptifs français à 7 ans. Ensuite il a grandi en foyer. Il travaille et se débrouille entièrement seul depuis ses 16 ans. (divers petits boulots). Il semble avoir accepté son sort avec fatalité. C'est comme s'il n'avait jamais eu loisir de s'appesantir sur son histoire, son seul souci a toujours été de subvenir à ses besoins. Avec un salaire de 700 euros Il n'y a pas de place dans son esprit pour se poser d'autres questions que celle de comment survivre honnêtement et sans rien demander à personne. Il aspire à une meilleure situation. Je suis une amie qui le soutient et l'encourage.
Son histoire, Il en parle si on l'interroge, il en connait des bribes, ce qu'il a entendu sans jamais chercher à en savoir plus ni à comprendre. C'est comme une ligne faite de quelques dramatiques pointillés. Ma question est : Pour aller plus en avant, à présent qu'il a 21 ans, ne serait-il pas opportun qu'il envisage de reconstruire le puzzle de son enfance ?
Avez-vous un avis ?
Merci

[sand33]

Un double abandon ! Comment est-ce possible ? Pourquoi ses parents adoptifs l'ont-ils abandonné ? T. a dû grandir avec un sentiment de rejet. Quelle estime de soi peut-il atteindre en ayant été rejeté ainsi ?
Lui seul peut décider s'il souhaite reconstituer ou pas son histoire. Je ne suis pas d'une grande aide, désolée.
Sandrine

[gagatte]

A mon avis la reponse a ta question est oui, mais voila, encore faudrait-il qu'il veuille, qu'il puisse... C 'est une demarche qu'il ne peut decider que lui-meme quand il es ressentira le besoin, quand il se sentira pret a affronter des verites sans doute diffciles du passe. En attendant tu peux continuer a le soutenir et a l'ecouter, bon courage a tous les deux.

[ananda]

Merci Sand et Gagate pour votre petit message. T. a un esprit positif et il est résolument tourné vers l'avenir. Il ne s'apitoie pas sur son sort et ne dit jamais qu'il a été abandonné 2 fois, il préfère dire que ses parents se sont "évaporés dans la nature" ce qui est vrai car ils ont fuit à l'étranger sans laisser d'adresse et sans faire de procédure d'abandon ce qui fait que lui et sa "petite soeur" n'ont jamais pu être re-adoptés. Il regarde devant et non derrière ce qui lui a permis de se construire de façon positive. Mais son lourd passé a forcément crée d'immenses blessures enfouies sous la carapace qu'il s'est construite. Malgré sa force il présente ce qui pour lui n'est qu'un trouble anodin. Pour lui son agoraphobie est juste une "manie" sans importance dont il s'accommode quand à son refus de s'attacher et de faire confiance à quiconque, c'est pour lui une simple tactique pour ne plus souffrir et tant pis si ça lui génère des moments de solitude et de replis sur soi.
Il me fait l'effet d'être en fragile équilibre sur une "border line" et il ne lui en faudrait pas beaucoup pour tomber dans l'allcool, la drogue, l'escroquerie.
Est-il réellement possible de se construire de façon solide sans rien savoir de nos fondations ?
Est-ce que le fait de rencontrer les parents géniteurs vous a apporté un bonheur et une paix définitive qui vous aide pour vivre le présent ?
Est-ce que le fait de savoir pourquoi il porte une grande brûlure sur la fesse va changer quelque chose à sa vie ?
Est-ce que le fait de retrouver ses parents adoptifs va lui apporter une autre réponse que celle qu'il connait déjà : ils étaient pleins de bons sentiments mais pas assez forts pour gérer l'éducation de 2 enfants adoptés (car ils en avaient adoptés 2). Est-ce que ces démarches pour recoudre son histoire vont réellement le consolider ou au contraire ne risquent-elles pas de réouvrir des plaies qu'il s'applique à cicatriser ?
Ce jeune mérite tellement de réussir sa vie.
Merci pour votre éclairage.

[gagatte]

Je suis de ton avis, mais peut-etre ton ami ne peut survivre en ce moment qu'en enfouissant tout ce qui est trop douloureux le plus profond possible.

Peut-etre qu'un jour il sera prete a regarder son histoire en face et a l'affronter, peut-etre en devenant pere?

Si on savait si la verite apaise ou fait encore plus de mal... moi je prefere toujours la verite, mais tout le monde n'est pas comme cela.

Bref, on ne peut pas aider les gens contre leur gre s'ils ne sont pas prets. Ce qui compte c'est d'etre la pour eux.

Peut-etre que ton ami serait plus a l'aise d'en parler avec des adoptes? Tu pourrais lui parler de l'association "la voix des adoptes", peut-etre que de parler avec d'autres adoptes ayant recherche leur passe et s'etant construit avec pourra l'aider?