A Amarc49
Je pense que vous connaissez tout ce que je peux vous dire ayant vécu cela moi-même et mon épouse ainsi que d’autres couples avec qui nous partageons nos expériences.
Votre enfant est en très grande souffrance : en raison du traumatisme dû à la perte de la mère, et sans tuteur entre ses 11 et 30 premiers mois, tuteur qui lui aurait fixé et appris des limites.
Il n‘avait aucun figure stable d’attachement et il n’a pu se construire de structures mentales. Il n’a confiance en personne ; c’est un enfant en quête de survie ; pour survivre, il cherche à tout contrôler et hurle sa rage ; par sa violence il montre son désespoir, il se détruit lui-même et détruit tout ce qui vit autour de lui, surtout sa famille, surtout ses parents et souvent surtout sa mère. Tout ce que vous décrivez montre l’état psychique d’un enfant non structuré ; il n’est pas déstructuré ; il est sans structure : et ce n’est pas de sa faute.
Votre famille est en très grande souffrance. Vous avez voulu bien faire : accueillir un enfant ; ce qui est une grande joie. Mais accueillir un enfant abandonné c’est jeter une blessure sur la joie d’une famille. Peut-être n’étiez vous pas préparé à une telle explosion, (Nous ne l’étions pas plus !) D’où votre colère et votre déception de voir tous ces professionnels démontrant leur incapacité ou leur incompétence à s’occuper de votre enfant. Vous lui avez donné de l’amour et, en contrepartie il vous pourrit la vie ; vous avez voulu le sauver, ais lui n’avait rien demandé ! Vous voulez l’envoyez en pension ; le pensionnat finira par le renvoyer chez vous car incapable de s’occuper d’un tel enfant. Le renvoyez dans son pays ? Mais, s’il n’est déjà français, il y sera aussi inadapté qu’il l’est chez vous ! Une telle situation peut entraîner des divorces et j’en connais malheureusement beaucoup.
Vous avez raison de dire que ce n’est pas de votre faute. Cependant, cet enfant est votre enfant.
Vous réagissez dans l’émotion et la colère. L’enfant le sent et le sait. Il faut que vous trouviez un nouveau mode de gestion dans votre comportement vis-à-vis de cet enfant. Il faut que vous arriviez à rendre de la distance et à lâcher prise. Vous êtes dans l’obsession ; ce gamin doit vous prendre la tête comme il n’est pas permis ; et plus que souvent vous devez avoir envie de le balancer par la fenêtre. Pour que l’enfant arrive à réguler ses émotions, il faut que vous arriviez à réguler les vôtres ; il est en souffrance, soyez dans l’empathie avec lui. Cela veut dire se préparer chaque jour, chaque heure, à lui répondre de la façon la plus appropriée, sans montrer agacement ou sentiment ; il faut beaucoup d’humour. Avec votre épouse prenez du temps pour vous, pour vous retrouver, pour redevenir cool. C’est un travail sur soi qui n’est pas facile ; une des mes amies de notre groupe nous redisait l’autre jour qu’elle avait dû faire un gros travail sur elle-même pour trouver la bonne attitude , le bon comportement vis-à-vis de ses enfants.
D’autre part, et là c’est ce que je disais plus haut dans un autre post, il faut vous faire aider. Au point où vous en êtes, il faut aller voir l’assistante sociale de votre quartier pour réfléchir avec elle (ou avec lui) à la situation. Le Conseil général a obligation de vous aider.
Trouver le bon psychologue ou psychiatre ???!!! C’est là où le bât blesse. Il en existe de bons, mais ça ne se trouve pas sous le pied d’un cheval. Vous n’êtes pas le seul cas dans votre département et je pense que l’équipe d’EFA de votre département (apparemment le 49, si je ne me trompe) si elle n’est pas préoccupé que par les candidats à l’adoption, doit connaître des cas similaires au vôtre ; c’est leur rôle et responsabilité de vous soutenir, de vous procurer des adresses de psy qui ont fait leurs preuves.
Si vous êtes bien dans le 49, il existe un groupe de Pétales qui devrait avoir des adresses équivalentes. Voir : Michèle et Jean-Paul :
Jeanpaulgrep49@petalesfrance.fr michelegrep49@ petalesfrance.fr
Sinon secouez-les ; que ce soit EFA ou Pétales ils ont un devoir de vous soutenir et d’indiquer des adresses de professionnels.
Cependant souvenez-vous d’une chose : vous êtes les parents ; vis-à-vis de votre enfant c’est vous les vrais professionnels ; c’est vous qui connaissez votre enfant ; c’est vous qui avez l’autorité parentale. N’acceptez jamais au début que votre enfant soit livré seul aux mains des professionnels ; c’est ensemble, parents et professionnels, qui allaient aider l’enfant, et le faire avec empathie. S’il n’y a pas d’alliance thérapeutique entre parents/enfants et professionnels, il y a peu de chance que les choses puissent avancer. D’autre part, l’enfant en difficulté est très capable de tourner les professionnels contre vous et vous faire passer pour des parents maltraitants.
Dans votre quête pour des professionnels valables, vous avez aussi le site
http://www.aftcc.org où vous trouverez des listes de thérapeutes cognitivo-comportementalistes. Ou sur le site d’Emdr.france.
Tenez bon ; ne vous laissez pas abattre et prenez de la distance. Vous avez un terrible défi devant vous ; vous n’êtes pas le seul et vous n’êtes pas seul.