Projet aux portes de l'agrément

Questions relatives aux premières démarches et à la procédure d'agrément
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Melehad
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Projet aux portes de l'agrément

Message non lu par Melehad »

Bonjour,

Avec mon mari, nous avons passé 1 an et demi dans les rendez-vous pré-agrément et nous apprêtons à présenter notre dossier à la commission.
Nous sommes sans enfant, sans stérilité avérée, avec des situations stables, bas de la classe moyenne, 12 ans de vie commune, 3 ans et demi de mariage.
Nous avons donc un dossier atypique car nous ne voulons pas d'enfants biologiques.
Voici les avis rendus :
psychologue : oui avec réserve
1ère travailleuse sociale : non
2ème travailleuse sociale : non

Les comptes-rendus des travailleuses sociales sont remplis d'inepties, de jugement et d'avis contradictoires.
D'un coté, on s'est trop renseigné, on a une bonne connaissance de ce qui nous attend, de l'autre, on nous dit que nous ne sommes pas prêts.
Mieux, le dernier entretien a fait état d'un potentiel traumatisme chez moi (du fait de ne pas vouloir porter d'enfants) et l'on me conseille de faire une analyse !
Ca n'est pas très développé mais notre maison (habitable et saine mais en travaux dans 1 pièce) est jugée peu investie. Il faut voir ce que la maison était et ce qu'on en a fait, on en a rénové une bonne partie.
Et l'argument principal est notre absence d'émotion.

Nous avons été optimistes et avons trouvé les premiers rendez-vous cordiaux et respectueux. Nous pensions prendre davantage de conseils auprès de ces "spécialistes" de l'adoption. Malheureusement, les derniers rendez-vous ont été navrants et nous avions l'impression d'être face à des murs.
Nous avons, par ailleurs, été étonné que les travailleuses sociales posent les mêmes questions que la psychologue, qu'elles décortiquent de la même façon nos réponses.

Nous hésitions mais avons convenus avec mon mari de faire passer le dossier, en ajoutant un courrier explicatif de notre part.
Dans l'attente de vos avis,
chrischris
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Re: Projet aux portes de l'agrément

Message non lu par chrischris »

Bonsoir,

Je vais être catégorique : Ne passez pas en commission avec de tels rapports. Car même si vous obtenez l'agrément, ces rapports vous empêcheront d'aboutir.

Le mieux est de demander de nouvelles évaluations avec d'autres professionnelles mais, entretemps, il faudra que vous réfléchissiez à ce qu'elles vous reprochent pour leur montrer que vous avez tenu compte des premières remarques.

Bon courage à vous. Je me doute que ce n'est pas facile
Patricia01
Administrateur du site
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Enregistré le : jeu. 29 mai 2008 22:36
Localisation : département de l'Ain
Situation familliale : Mariée, 2 enfants (adoptées)
Profession, activité : enseignante
Profil adoption : Maman de deux adorables puces : l'une de 17 ans, arrivée d'Ethiopie à l'âge de 15 mois 1/2 via Passerelle, et l'autre, 14 ans, arrivée du Vietnam via Médecins du Monde en avril 2010 (chacune avec leur particularité : TDAH-dyspraxie-dysphasie pour la grande, hép B pour la petite) ; membre active EFA01
emailpersonnel : patphil01@yahoo.fr

Re: Projet aux portes de l'agrément

Message non lu par Patricia01 »

Même réponse : ne passez pas en commission. Il n'y aurait alors que deux issues possibles, toutes deux catastrophiques :
- agrément accordé avec de mauvais rapports qui vous suivront dans toutes les démarches et vous empêcheront d'aboutir
- agrément refusé avec le risque de devoir attendre 30 mois si vous n'obtenez pas un recours amiable (certains recours amiables proposent justement de faire de nouvelles évaluations).

Deux solutions possibles, si vous demandez à ne pas passer en commission :
- changer de travailleurs sociaux (mais vous avez déjà vu deux AS ? Vous aviez demandé à changer déjà ?)
- garder les mêmes si vous pensez que l'incompréhension peut être levée et le dialogué rétabli ; et dans ce cas, demandez un délai de réflexion, et à l'issue de ce délai, montrez que vous vous êtes emparé des soucis qu'ils croient avoir détecté et que vous les avez surmonté (quitte à aller vois une psy comme ils le conseillent, après tout, que risquez-vous?)
Même si vous changez de travailleurs sociaux, il est conseillé de bien creuser ce qu'ils vous reprochaient : soit il y a quelque chose de justifié derrière, dont vous n'avez pas tout à fait conscience, et vous gagnerez à y réfléchir sérieusement ; soit il y a eu une vraie incompréhension, et là il faut essayer de comprendre comment arriver à mieux être compris.
Patricia, maman de deux grandes filles chocolat et miel (Ethiopie/Vietnam) de 17 et 13 ans, arrivées à 1 an
Melehad
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Enregistré le : jeu. 3 déc. 2020 16:40

Re: Projet aux portes de l'agrément

Message non lu par Melehad »

Merci pour vos réponses.

Nous ne sommes pas tellement d'accord sur ce passage en commission. Je suis contre et mon mari pour.
Nous avons effectivement déjà demandé à changer de travailleuse sociale.
Nous avons vu une psychologue en dehors de nos entretiens, non pas pour travailler sur un traumatisme (puisque ce sujet n'a été abordé qu'à l'ultime rendez-vous) mais pour faire le point sur notre projet et sur l'absence d'expression de nos émotions. La psychologue extérieure a été étonné de cette déclaration des professionnels, selon elle, nous sommes, en effet, bien dans la réflexion et non dans l'affect et cela est tout à fait normal. Et nous l'avions expliqué de cette façon à la travailleuse sociale : n'étant apparemment pas stérile, nous ne sommes pas "à bout" (à cause des fiv et processus pour avoir des enfants naturellement) et avons fait notre deuil de l'enfant naturel depuis un moment.
J'en rediscute avec mon mari et espère choisir la bonne décision. Nous avons un entretien vendredi prochain avec la responsable du pôle enfance pour faire le point sur notre dossier.
Patricia01
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Re: Projet aux portes de l'agrément

Message non lu par Patricia01 »

Il est normal que vous soyez dans la réflexion. Mais les travailleurs sociaux ont besoin de ressentir de l'émotion, pour mieux vous cerner. ils ont besoin de voir ce qui vous touche et vous fait réagir dans les histoires de ces enfants, dans les mises en situation qu'ils vous proposent. Ils ont besoin de voir ce qui génère en vous de l'émotion, pour arriver à cerner comment vous réagirez lorsque ces situations surgiront vraiment. Ils ont besoin, au travers de vos réactions, de repérer certaines fragilités éventuelles, ou au contraire certaines forces, une bonne dose d'empathie et une ouverture d'esprit profonde et sincère. Ils ont besoin, comment dire... de voir ce que vous avez au fond de vous, dans vos tripes.

Mais je vous comprends, en même temps. J'avais énormément de mal à me projeter, lors des rendez-vous ; je pouvais me mettre à la place de la mère de naissance, mais pas à la place de la mère adoptive : j'étais incapable de savoir ce que je ferais vraiment dans telle ou telle situation : j'esquivais d'une pirouette, en disant que ça dépendant du caractère de l'enfant, en faisant quelques hypothèses, en me souvenant de ce que j'avais lu comme conseils, mais au fond de moi, je ne ressentais pas les choses. Heureusement, il y a certaines mises en situation qui ont touché une corde sensible et m'ont fait réagir spontanément, sans réfléchir, et c'est davantage là-dessus que se sont appuyés les travailleurs sociaux. Ils ont aussi mis en évidence ma peur viscérale du handicap mental et m'ont encouragée à travailler dessus (sous-entendu "avant que ça me tombe dessus puisqu'on ne sait jamais ce que la vie réserve"... ils avaient raison).

Mais je mesure maintenant la nécessité de ce travail sur soi.

Après, c'est humain, on essaie toujours de trouver les "bonnes" réponses. Je souris encore en me souvenant la façon dont j'affirmais que j'allais gérer les moments de colère de mon enfant, ressortant toutes les réactions standard, patientes, bienveillantes, compréhensives... parce que dans la réalité, la réaction qui m'est venue spontanément, lors des colères à répétition avec hurlements incessants qui poussent à bout, c'est la fessée. Le genre de chose qu'on n'a pas envie du tout de laisser apparaitre lors des entretiens...
Mais en réalité, ce qu'ils veulent, ce ne sont pas les "bonnes" réponses, ce sont "vos" réponses (sauf s'il s'agit d'une fessée, n'exagérons rien... mais j'étais sincèrement persuadée que non, jamais je ne lèverais la main sur mes enfants, l'ayant trop vécu dans mon enfance). Ces réponses peuvent être imparfaites, vous pouvez émettre des doutes, envisager de vous faire aider si vous êtes face à telle ou telle difficulté. Il ne faut pas que ces difficultés apparaissent minimisées, ou que vous donniez l'impression que l'amour arrange tout, ou ce genre de fadaise. Vous pouvez apparaître serein, ou dans le doute mais avec une bonne capacité d'adaptabilité. Vous pouvez paraître souple ou au contraire trop rigide, vous pouvez apparaître trop idéaliste ou bien trop anxieux... aucun excès n'est bon, mais ce qu'il faut, c'est que ce qu'ils ressentiront lors de ces entretiens vous corresponde bien.

J'en avais discuté avec la psy du service adoption de mon département, lors d'une conférence, longtemps après mes propres démarches : ils n'aiment pas les dossiers trop lisses où les gens sont parfaitement informés et donnent toutes les "bonnes" réponses, mais sans qu'ils se les soient vraiment appropriées, sans montrer la moindre émotion, comme on récite un livre : devant ce genre de couple, ils sont incapables de juger ce qu'ils feront une fois en situation, car ce n'est pas la raison et leurs lectures qui les guideront à ce moment, ce sont leurs affects, leurs émotions.
Patricia, maman de deux grandes filles chocolat et miel (Ethiopie/Vietnam) de 17 et 13 ans, arrivées à 1 an
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