Medellin, ville de naissance

Vos témoignages d'adoption, heureux ou malheureux, d'adoptant ou d'adopté.
gagatte
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Re: Medellin, ville de naissance

Message non lu par gagatte »

L'adoption est souvent un bouc-émissaire tout désigné. C'est comme si on oubliait parfois que pour qu'il y ait adoption "imposée" à l'enfant il faut d'abord qu'il y ait eu abandon ou déchéance de l'autorité parentale. Quant aux parents adoptifs, il faut souvent qu'il soient parfaits, des super-parents, prêts à tout endurer sans jamais faiblir, à aimer sans aucun retour, tour à tour éducateurs, psychologues... Les parents biologiques eux ont parfois, dans certains discours, toutes les excuses du monde. Deux poids deux mesures, comme si les êtres humains n'étaient pas tous faits du même bois.
Rien ne dit qu'un enfant abandonné qui reste dans une institution dans son pays, ses racines et sa culture n'éprouve pas ce mal-être (manque de confiance en soi, problèmes identitaires, de stabilité affective et professionnelle etc) lié au traumatisme de l'abandon et aux questions sans réponses sur son histoire, sa famille biologique. Ces difficultés psychologiques et relationnelles se retrouvent chez des enfants adoptés en France nés sous X mais aussi chez des adoptés qui ont pourtant une belle relation de respect mais aussi d'amour avec leurs parents adoptifs.
Je pense qu'il est sans doute plus facile dans un premier temps d'en vouloir à ses parents adoptifs qui ont le "tort" d'être là, qu’aux êtres humains qui ont imposé le premier déracinement, sans doute le plus douloureux, l'abandon. Les premiers sont là, avec leurs qualités et leurs défauts, les seconds restent au stade du fantasme tant qu'il n'y a pas confrontation avec le réel. J'imagine qu'il est aussi plus simple d'idéaliser son pays de naissance quand on n'y vit pas et qu'on n'y a aucun devoir.
Chantal vous dites :
Je sais : personne ne "choisit" sa famille, et dans les familles bio il y a beaucoup d'enfants qui ne s'entendent pas non plus avec les leurs, mais dans le cas de l'adopté ce sont des humains qui ont choisi pour lui, et c'est peut-être ce qui est difficile à accepter. Des humains qui ont tous les droits sur l'enfant. Et notre vie est déterminée par ce choix initial. Lisez d'autres posts: certains adoptants vont même jusqu'à changer le prénom de l'enfant déjà grand sans en faire un partenaire, sans lui laisser la possibilité de s'exprimer. C'est cette emprise qui est difficile a supporter pour certains caractères
J'ose croire que l’adopté adulte, avec toutes les ressources dont il dispose et qui lui ont permis de survivre déjà à des moments très difficiles, et grâce au soutien des gens qui l'aiment, des différentes thérapies existantes, peut retrouver l'impression d'avoir le choix de sa vie, d'être libre, libéré de son histoire et maître de son destin.
En revanche pourquoi choisir de ressembler seulement à ses parents bio ou adoptifs? Pourquoi choisir entre son pays d'adoption et son pays d'origine? Certains adoptés semblent parvenir à se sentir un mélange serein et riche de toutes ces trajectoires de vie, de toutes ces rencontres qui ont fait qu'ils sont ce qu'ils sont aujourd'hui.
Estradamilena est en train de redécouvrir son pays de naissance, il y aura sûrement différentes phases qui l'aideront je l'espère à se sentir mieux. Ses parents seront là pour elle. Et rien ne l'empêche d'apprendre l'espagnol, de partir vivre dans son pays de naissance pour mieux le comprendre, et aussi pour regarder sous un œil nouveau avec du recul son pays d'adoption et ses parents adoptifs.
mariée, trois enfants
Chantal
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Re: Medellin, ville de naissance

Message non lu par Chantal »

Bonsoir, on ne choisit pas une ressemblance: elle s'impose ou non. On choisit des modèles, des guides, pas une ressemblance. J'ai le même rire que ma mère bio et pourtant nous avons été séparées 45 ans. C'est comme cela, sans effort. Et elle n'est pas mon modèle.
Les parents n'ont pas à être parfaits, qu'ils soient bio ou non. Mais bien souvent le moindre reproche à leur encontre se traduit pour eux en termes de "tu ne m'aimes pas", "tu ne vois pas en moi ton père ou ta mère". Il y a autant de traumatisme d'un côté que de l'autre. Mais l'enfant supporte le tout. Je n'ai rien contre l'adoption, mais la compétition qu'elle impose actuellement me fait frémir. Et on peut être né sous X et respecter ses parents adoptifs.
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