Notre adoption est un echec .

[Colombe]

Merci larryg pour ces conseils que je relis attentivement. Merci à ophelie qui a contribué a faire tomber des tabous contre vents et marées...aux adoptés aussi. Ce forum est précieux quand on est au milieu de la tempête. Je suis convaincue qu'il faut reconstruire un autre lien avec notre fille mais le voudra-t-elle? Convaincue aussi qu'il faut revenir au sein de notre famille à une certaine joie de vivre. En vous lisant, je vois combien les "bonnes intentions" sont stériles. Je pensais en adoptant que nous arriverions à lisser tous les problèmes de notre fille. Je comprends maintenant, et pourquoi si tard??, que nous aurions du faire plus attention au contexte de l'adoption. Notre relation a démarré sur un malentendu : nous avons mis d'emblée notre fille adoptive au même plan que nos deux autres enfants. En fait, l'association nous a dit :" bien sur, elle a 7 ans mais vous verrez, elle va s'accrocher, vous êtes là et tout ira bien" . A partir de là, nous avons banalisé les difficultés alors qu'elles étaient de vrais signaux d'alerte. Très tôt, par exemple, quand nous nous opposions à elle, elle partait de la maison. Elle nous a montré à chaque crise, qu'elle pouvait s'installer ailleurs (adultes plus permissifs souvent) et ne pas se poser plus de question. Nous étions en quelque sorte interchangeables. Je ne peux m'empêcher de rapprocher ce comportement de ce qu'elle a vécu dans sa petite enfance : orpheline de mère, elle a été élevée par sa tante puis sans préparation, sans avertissement même, déposée un beau jour à l'orphelinat. Sa tante revenait la voir mais dans quel but? La reprendre, vérifier qu'elle "supportait" pas trop mal cet arrachement? Dissimulation, mensonges...je ne juge pas sa tante. L'extreme pauvrete est la seule responsable.
Un an après elle arrivait à l'aéroport et nous était confiée. nouvel arrachement. On est au coeur du malheur. Peut on vraiment se préparer a ça : tout quitter sans billet retour. J'ajoute qu'elle a laissé son frère, "non adoptable car trop "âgé" au regard de la loi malgache". L'existence de ce frère avait été tenue sous silence par la tante. Julie n'en avait pas non plus parlé à l'orphelinat. Pourquoi? Peur qu'elle ne soit plus adoptable? Âgée de 7 ans et en plus un grand frère? La révélation, car s'en était une, s'est faite plusieurs mois après le démarrage de la procédure d'adoption. Elle a fait l'effet d'une bombe. Séparer les deux enfants, impensable! Mais l'adoption était lancée et julie recevait nos lettres et nos photos. Quand il a été annoncé que son frère n' " était pas adoptable", je n'ai pas honte de dire que tout le monde s'en est trouvé soulagé, l'association qui a été complètement dépassée et nous qui n'avions un agrément que pour un enfant. Quelle confiance notre fille peut-elle faire aux adultes. Comment les associations qui se veulent garante de la protection de l'enfant peuvent elles manquer d'autant de professionnalisme sur des questions aussi essentielles que celles-ci?
Vous remarquerez que ma colère se déplace. C'est surement bon signe. Pour terminer sur le mensonge comme préalable à l'adoption, nous avons appris quelque mois après l'arrivée de Julie qu'elle était plus âgée d'au moins 6 mois. Pourquoi nous mentir et surtout la pousser dans le mensonge un peu plus? La réponse, nous l'avons eu de la présidente de l'association : c'est pour aider les enfants dans leur scolarité. Effectivement, elle est passée du CP en ce2 en 3 mois. beau résultat! En attendant, il a fallu aussi qu'elle suive un traitement pour une puberté précoce sans savoir quel était précisément son âge. Et puis, elle ne connait toujours pas sa date de naissance. A y repenser, nous avons tous dysfonctionné. Si mon témoignage pouvait permettre d'ouvrir quelques portes...

[Cloclo]

Beaucoup de ces récits et témoignages révèlent des lieux communs à un soi-disant échec !
Ce n'est pas l'échec des adoptants ! C'est celui d'une préparation inadaptée, d'associations qui ne veulent pas entendre les appels au secours des parents ou les minimisent, de spécialistes qui culpabilisent ces derniers.

Voilà plus de dix ans que notre fille a définitivement coupé les ponts avec nous. Mais elle exerce un beau métier qu'elle a choisi et nous y sommes un peu pour quelque chose. Cela relativise une impression d'échec. Nous avons été un moment de et dans sa vie. Seulement un moment, n'exigeons pas plus.

[Colombe]

Excusez moi de vous poser cette question, cloclo, mais vous n'avez jamais tenté de reprendre contact avec votre fille? Il me semble qu'à force d'insistance, de persévérance, on doit arriver à préserver un lien même ténu mais je me trompe peut etre encore...

[Cloclo]

Nous ne faisons que ça, mais tout dépend d'elle. Et nous nous devons de respecter son choix. A savoir :
- elle a toujours refusé son adoption à 6 ans et cette adoption ne se justifiait pas vraiment. Mais cela nous l'avons découvert des années plus tard.
- elle ne nous a jamais considérés comme ses parents (elle n'est pas orpheline, mais abandonnée) et sur ce point, elle a raison.

Notre meilleure façon de lui prouver ce qu'elle représente pour nous, c'est de respecter sa vie, son choix et ne pas la culpabiliser.
Elle sait que la porte de la maison est toujours ouverte. A elle de décider, si elle veut la pousser ou la regarder comme une carte postale.

[lea_05]

Bonsoir,
Je suis étudiante en psychologie et je travaille sur un mémoire dont le sujet est les troubles d'attachement et de comportements chez les enfants et adolescents adoptés.
Par conséquent après avoir lu la discussion que je suis trouve extrémement intéressante car peu de parents adoptifs s'expriment avant tant de sincérité, je voudrais savoir si Cloclo, Ophélie ou d'autres parents rencontrant des difficultés avec leurs adolescent ou enfant adoptés seraient d'accord de me raconter leurs histoires et (ou) de répondre à quelques questions.

Je vous laisse mon email personnelle : lea.bitelmal@gmail.com

Cordialement,
Léa

[Biboop2301]

Bonjour à tous,

Déjà profondément chagrinée de la triste tournure que prend notre vie de famille depuis l'arrivée à la maison de notre fils de 4 ans, je suis terrifiée à l'idée que les echecs d'adoption évoqués par Ophélie et Cloclo puissent devenir également notre réalité... Abdoulaye (4 ans) a rejoint notre petite famille (ma fille de 7 ans, mon mari & moi) il y a 6 mois. Nous l'avons accueilli avec amour et simplicité , ravis de passer de 3 à 4, comme toute famille...
Il nous a immédiatement rejeté, nous reprochant de ne pas ressembler à la famille dont il avait rêvé, refusant tout de nous, y compris la communication (il se détourne pour ne pas nous écouter). A l'école, il est très violent avec les autres... Et donc rejeté (je ne mentionnerai pas les plaintes des autres parents qui sont devenues règulières). En société, il séduit tout le monde et a tendance à se chercher un père et une mère qui lui plaisent (plus conforme à son rêve) et à nous ignorer (voire nous rejeter si nous l'approchons).Avec nous, il fait tout pour être détesté (il se fait pipi dessus plusieurs fois par jour, hurle sans arrêt, casse tout (dernier forfait, bombarder la voiture familiale à coups de pierre), il est parfois gentil mais c'est en général pour me demander de lui acheter des jouets (qu'il casse de suite quand il les obtient). Toute la famille vit mal, nous sommes effondrés et ne savons pas ce que nous devons faire, rien ne fonctionne. Ma fille de 7 ans (adoptée également) vit très mal cette situation, elle est en plein échec scolaire depuis la rentrée, pleure souvent, et ne comprend pas pourquoi son frère est si méchant. Elle voit bien que tout le monde est malheureux et que rien ne change avec le temps... Nous craignons pour l'avenir, et lire les témoignages d'échec ne me rassure pas... Le service adoption trouve que tous les signes d'attachement sont bien là (mais où??? Il est en constante opposition, jamais heureux!) et on me reproche de continuer à travailler.... Pourquoi arrêter de travailler? J'aime mon travail, et quand je prends une journée pour être avec les enfants, ma fille est ravie mais mon fils préfère le centre loisirs et la cantine...Alors ça aiderait qui si je déprimais seule à la maison...? Nos vacances en famille tournent chaque fois au cauchemard: il vomit sur nous quand nous ne cèdons pas à ses caprices, nous manque de respect ou nous ignore toute la journée. C'est parfois dur de rester calme et ferme, mais on tient bon... Sans aucun résultat. Le moindre petit progrès est ensuite payé par une régression quasi immédiate...Le + dur à vivre, c'est de le voir se chercher régulièrement un père et une mère de remplacement parmis nos amis, notre famille élargie, nos voisins... Il est alors capable de se jeter dans leurs bras, de leur faire de grandes déclarations d'amour et de leur demander s'il peut dormir chez eux... J'en ai les larmes aux yeux en écrivant... Bien sûr, il nous arrive de songer à le laisser partir, il a le droit de ne pas vouloir de nous... Mais, il parait que ce serait un désastre psychologique pour lui et nous ne voulons pas lui faire de mal... Que faire SVP?

[JClaude]

Je comprends votre désarroi. Nous n'avons pas vécu cela, mais nous connaissons par EFA, depuis de nombreuses années, des situations proches de la vôtre.

Première chose à faire : ne pas restés isolés, rencontrer d'autres parents vivant cette situation : EFA de votre département organise sans doute des "groupes de parole" pour parents où vous ne serez pas jugés
http://adoptionefa.org/index.php/accomp ... de-parents

Vous trouverez les coordonnées de votre EFA ici http://www.adoptionefa.org/index.php/le ... artemental :
EFA de votre département pourra vous aider à trouver des psy (-chiatres ou -logues) connaissant un minimum sur l'adoption.

Il existe aussi l'association Pétales France http://www.petalesfrance.fr qui est spécialisée sur les prblèmes d'attachement.

Auparavant, vous pouvez, anonymement, demander conseil à n° d'écoute nationale
0810 00 21 01 Le mercredi de 2O h 30 à 22 h 30 et le jeudi, de 14 h 00 à 17 h 00
http://adoptionefa.org/index.php/accomp ... -nationale
Il vous sera plus facile, au téléphone, de voir les facteurs qui ont pu accentuer / provoquer ce comportement chez votre fils avant qu'il n'arrive chez vous.

[Cloclo]

Le + dur à vivre, c'est de le voir se chercher régulièrement un père et une mère de remplacement parmis nos amis, notre famille élargie, nos voisins... Il est alors capable de se jeter dans leurs bras, de leur faire de grandes déclarations d'amour et de leur demander s'il peut dormir chez eux... J'en ai les larmes aux yeux en écrivant... Bien sûr, il nous arrive de songer à le laisser partir, il a le droit de ne pas vouloir de nous... Mais, il parait que ce serait un désastre psychologique pour lui et nous ne voulons pas lui faire de mal... Que faire SVP?

Ce que vous décrivez ressemble beaucoup à ce que nous avons vécu, comme d'autres adoptants.
Devez-vous considérer pour autant que vous êtes en situation d'échec ? NON !
Votre enfant ne vous rejette pas VOUS. Il rejette inconsciemment ceux qui l'ont abandonné et comme ils ne sont plus là, sa seule défense pour sa survie est de "projeter" sa colère sur leur substitut, autrement dit la famille adoptante. Il pense peut-être avoir été votre cadeau, rôle qu'il refuse. Et n'oubliez pas ceci dans la tête de beaucoup d'enfants abandonnés :
" Si on m'a abandonné, c'est parce que je suis mauvais ou méchant. Donc je vais vous prouver que je le suis et qu'on a pas le droit de m'aimer."

Prenez contact avec l'association PETALES FRANCE qui est effectivement spécialisé sur les difficultés d'attachement.

NON ! VOUS N'ETES PAS EN ECHEC !
Relisez mes messages précédents et tous ceux des autres intervenants.

Tenez-bon et ne vous culpabilisez pas, ce serait entrer dans le jeu de cet enfant qui, pour le moment, ne peut pas reconnaître ce que vous lui apporter.

Courage !

Cloclo

[chrysou]

Bonsoir Biboop2301,

Je n'ai pas résisté en lisant votre post à l'envie de vous transmettre un petit message de soutien par rapport à votre histoire. N hésitez pas à utiliser les infos transmises par Jean Claude, je vous souhaite de pouvoir échanger et trouver des éléments de réponse ou des pistes pour vous aider.
Les troubles de l attachement que certains enfants développent engendrent des situations complexes et difficiles, d autres parents ou adoptés ont apporté différents témoignages sur le sujet et ont décrit certaines souffrances qui en découlent que l on soit d'un côté ou de l'autre. Il est important de vous faire aider ainsi que votre enfant par des professionnels et associations qui connaissent le sujet. Si vous souhaitez échanger sur le sujet en privé, n'hésitez pas à me contacter par courriel.
Bon courage
Chrystèle

[sou]

Bonjour biboop20301
Je suis très touchée par votre histoire et triste pour vous et pour vos deux enfants. A mon avis il ne faut pas se laisser influencer par les histoires toutes roses ou très difficiles que vivent certains adoptants, mais simplement essayer d en tirer une information aidant à tenir sa barre.
En tout cas si la relation ne se fait pas du tout vous avez meme le devoir envers votre fils adoptif de ne pas continuer l adoption afin de lui laisser une chance ailleurs. Entrevoir la separation comme solution possible peut vous soulager de l angoisse paralysante que represente la perspective de vivre des annees dans une situation insupportable, ce soulagement vous permettra de mieux reagir pour chercher toutes les solutions possibles pour ameliorer la sitution.
Votre fils est arrivé dans un contexte difficile, sans revenir sur les degats causés par l abandon et la vie non familiale, son adoption lui causé une nouvelle separation d avec des personnes et des lieux, il arrive chez vous et vous etes dejà une famille
lié lui est tout seul et tout est nouveau pour lui, c est surement destabilisant.
Votre fils est arrivé il y a peu et donc on peut juger de la "normalité ou anormalité" de son attachement. La duree de vie que vous avez ensemble ne suffit pas à avoir un attachement profond comme l attachement filial. Il faut lui donner un delai et entretemps modifier ce qui peut l etre dans votre comportement vis a vis de lui pour ameliorer votre relation. J evoque votre comportement à vous car c est la seule chose sur laquelle vous pouvez avoir une prise. Peut etre avez vous agi trop tot en "parent" alors que lui n a pas encore franchi le pas de vous voir comme "ses parents", peut etre que l interet maternel (naturellement fort) que vous lui avez montré le destabilise, il n avait pas l habitude de cela, il faut peut etre reprendre de la distance avec lui, peut etre qu il faut voir moins de monde avec lui pour lui laisser le temps de vous situer vous d abord,
a t il été trop vite à l ecole ?? l idee de prendre une periode de congé parentale me semble tout à fait raisonnable par rapport au but recherché, sa relation avec sa soeur ne doit pas etre evidente car elle doit surement regretter sa place de fille unique, il faut le proteger de la jalousie naturelle de sa soeur tout en la rassurant,
et evidemment il ne s agit pas de tout permettre mais de trouver des moyens de pression astucieux
le pipi et les vomissement ne sont pas particulierement etonnant dans ce contexte, un enfant qui n aime pas la situation dans laquelle il se trouve peut avoir une derangement (suite des spasme par ex, ) il peut remettre uen couche)