DIFFICULTE D'ETRE PARENTS

Vos témoignages d'adoption, heureux ou malheureux, d'adoptant ou d'adopté.
ATHOR
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Enregistré le : dim. 23 mai 2010 11:20
Situation familliale : remariée, 2 enfants adoptés majeurs, 3 petits-enfants
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Re: DIFFICULTE D'ETRE PARENTS

Message non lu par ATHOR »

lysiane a écrit :bonsoir Athor et Emmanuelle,

vos témoignages m'ont bouleversée, je suis maman adoptive d'un petit garçon de 9 ans (adopté à 6 ans) qui ne va pas bien du tout, il a visiblement de gros problèmes psychologiques et me rejette clairement. C'est très difficile à vivre et je m'inqiète pour l'avenir: que va-t-il devenir, qu'allons-nous devenir ? Dernièrement , il parle souvent de sa mère, il dit que si il a des problèmes c'est parce qu'elle l'a laissé, que lui ne voulait pas qu'elle le laisse.Alors bien sûr, moi aussi j'ai répondu qu'elle n'avait sûrement pas eu le choix , qu'elle était peut-être trop jeune pour élever son enfant et que si il le souhaite , on l'aidera à la rechercher quand il sera grand. En fait, je ne sais pas quoi répondre, car sa mère ne l'a pas abandonné, il est devenu adoptable par décision de justice et je me dis que plus tard si il fait des recherches il connaîtra cette vérité, et il me reprochera de ne pas lui avoir dit. Mais comment dire à un enfant qu'un juge a décidé que sa mère n'était pas capable de l'élever ?

Je vous souhaite beaucoup de courage à toutes les 2 . Emmanuelle, je ne peux pas comprendre ce que l'on ressent quand on est abandonné, mais je sais ce que l'on ressent quand on est rejetée par son enfant. J'ai bien compris que vous ne rejetez pas votre mère adoptive , mais simplement , je crois qu'elle souffre beaucoup, elle aussi, alors à vous deux, soutenez-vous mutuellement et faites vous aider si besoin.
une maman adoptive bien triste ces derniers temps

chère Lysiane,
Merci pour votre réponse et votre témoignage. Malgré votre peine, vous avez pris le temps de me laisser un petit message pour me soutenir.
Je comprends que vous soyez triste et soucieuse. Il faut que vous vous fassiez aider par des professionnels. N'attendez pas pour votre fils. Suivez les conseils de JClaude. J'espère que vous trouverez toute l'aide dont vous avez besoin tous les deux.
Avez-vous lu "L'enfant adopté. Comprendre la blessure primitive" de Nancy Newton Verrier aux Ed. De Boeck ? Je suis en train de lire "Parents de cœur - comprendre l'enfant adopté" de Sherrie Eldridge (psychologue - elle-même adoptée) aux Ed. Albin Michel.

Les enfants adoptés tournent parfois leur colère contre leur mère adoptive puisque c'est la seule qu'ils ont en face. Je l'ai expérimenté avec mon fils.
Votre enfant souffre. Il faut le faire suivre par un professionnel si possible ayant une formation sur l'abandon et l'adoption,afin qu'il ne souffre pas trop à l'adolescence et plus tard. Notre fille a vu une pédo-psychiatre et un psychiatre à l'adolescence mais apparemment ils n'étaient pas "branchés" adoption et ne l'ont pas aidé efficacement.

Bon courage et encore merci pour votre gentil message.
Amicalement.
Athor
ATHOR
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Re: AIDE entre PARENTS

Message non lu par ATHOR »

ATHOR a écrit :
JClaude a écrit :J'ignore dans quel département vous résidez, : peut-être votre association EFA locale organise des rencontres ou groupes de parole pour parents ressentant des difficultés avec leur enfant.
Chaque année, une dizaine de rencontres sont organisées dans mon département, avec l'aide de psy très au fait de l'adoption.
Et votre EFA peut vous donner les coordonnées de professionnels près de chez vous.
http://www.adoptionefa.org/index.php/co ... -dadoption

Vous pouvez aussi appeller la permanence nationale, même anonymement :
http://www.adoptionefa.org/index.php/no ... -nationale


Merci JClaude pour votre aide. Si je ne me trompe, vous êtes sans doute dans le département de la Haute-Garonne. Je suis dans l'Aveyron. EFA 12 a essayé à plusieurs reprises d'organiser des rencontres avec les parents qui éprouvaient des difficultés. Cela n'a pas marché.
J'avais besoin de réconfort et j'en ai trouvé sur ce forum. Ma fille se fait suivre à nouveau (depuis peu) par un psychologue. J'espère de tout cœur qu'il pourra l'aider à aller bien. Pouvez-vous me dire s'il existe des professionnels branchés adoption sur Toulouse (ma fille habite la Haute-Garonne) ?
Suite à ces témoignages, ma fille et moi avons beaucoup parlé. Elle a tout fait pour me déculpabiliser. C'est une jeune femme tellement adorable ! Ce n'est pas juste qu'elle souffre autant.
Athor

Désolée JClaude, j'ai cru que votre message m'était adressé alors que je viens de comprendre qu'il était pour Lysiane.
Athor
lysiane
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Re: DIFFICULTE D'ETRE PARENTS

Message non lu par lysiane »

bonsoir,

merci beaucoup pour toutes vos réponses. Mon fils est déjà suivi par un pédopsy , mais pour l'instant je ne vois pas d'amélioration.Quant à moi, je sais où se passe les réunions d'EFA et je crois que j'irai à la prochaine qui aura lieu fin juin.En attendant ,cela me fait du bien de venir sur le forum.
Athor, j'espère que tout va s'arranger pour vous et votre fille, n'hésitez pas à donner des nouvelles.

bonne soirée et merci encore

lysiane
Laura
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Re: DIFFICULTE D'ETRE PARENTS

Message non lu par Laura »

Bonjour ATHOR, bonjour Emmanuelle, bonjour Dom,

Merci pour vos témoignages si bouleversants... Que dire de la mère biologique ? Qu'aurait-il fallu dire ou ne pas dire ? Ces questions me taraudent aussi...
Mon fils adoptif a quatre ans et change ostensiblement de sujet lorsque nous abordons la délicate question de "la dame qui lui a donné naissance". Cette femme, qui n'est pas sa "maman" puisque justement elle n'a pas pu, pas voulu l'être pour lui, cette femme nous l'a confié, elle ne l'a pas abandonné, et si mon fils me demande un jour pourquoi cette femme ne l'a pas gardé, j'aurais envie de lui répondre que ce n'est ni parce qu'elle l'aimait (car alors cela pourrait signifier à ses yeux que mon mari et moi qui l'aimons infiniment pourrions à notre tour le "confier" à quelqu'un d'autre) ni parce qu'elle ne l'aimait pas, mais parce qu'elle ne pouvait pas le garder et parce qu'elle ne le connaissait pas... Mais c'est un peu court sans doute. Dire que ce qui est sûr c'est que ce n'est pas LUI qui n'était pas voulu, mais un enfant abstrait, qu'elle avait décidé peut-être d'envisager comme une abstraction, comme on le fait sûrement lorsqu'on décide de subir un avortement, cet enfant pour elle, n'était pas LUI, c'était un inconnu, inconnaissable...
Et lui dire aussi que pour moi sa maman, et pour son papa, sa venue est l'événement le plus heureux de notre vie.
Lui dire aussi, plus tard, que ma stérilité, qui fut pendant des années une source de désarroi et de souffrances, me semble aujourd'hui une véritable bénédiction. Sans elle, je n'aurais pas eu la chance inouïe de rencontrer mon fils, le plus adorable des enfants de la terre. L'idée que cet enfant puisse un jour se considérer comme « un paquet sans valeur » parce que la femme qui lui a donné la vie n'a pas pu ou voulu le garder me déchire le cœur.


Laura
Ursula
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Re: DIFFICULTE D'ETRE PARENTS

Message non lu par Ursula »

Bonjour,

Vos messages mère / fille sont bouleversants !
Je me suis crée un mythe à partir des paroles de ma mère, d'après ce que contient mon dossier d'adoption : ma mère de naissance était très jeune, le père s'est barré et au moment de la grossesse ma grand mère maternelle est morte d'un cancer, dépassée par les évènements ma mère bio a préféré me confier à l'adoption. C'est mon mythe fondateur à moi. Je sais que la vérité est sûrement assez différente, tant pis j'ai besoin de mon conte pour me construire.

Il y a deux mois mon frangin a réussi à contacter ma mère bio (voir recherche des origines c'est compliqué), elle a confirmé les éléments de mon histoire, je crois que je ne veux surtout pas en savoir plus !!!

Mon frère souffre plus que moi, il a besoin de connaitre, comprendre ses origines, 2 lignes de biographie ne lui suffisent pas pour combler les manques de ses 9 premiers mois.
Et chaque légère variante lui semble être un mensonge qui le mette en colère.

Maman nous a raconté le peu qu'elle savait avec beaucoup d'amour et ses faiblesses aussi, elle voulait nous protéger, elle s'est parfois emmêler les pinceaux ...
Je crois qu'il aurait parfois juste fallut dire à mon frère "je ne sais pas, nous ne savons pas ..." Par que ce qu'elle croyait être l'histoire de mon frère n'était finalement qu'une fable tissant le peu d'éléments qu'elle avait. La vérité est bien plus ... je ne trouve pas le mot.
La vérité fait mal et c'est maman qui a menti. La pauvre !

Je garde mon mythe a l'abri de la vérité.
Chantal
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Re: DIFFICULTE D'ETRE PARENTS

Message non lu par Chantal »

Bonjour,
Pour moi, vieille adoptée de 52 ans, qui a retrouvé sa mère, et mère (biologique et affective) de deux grands enfants, les raisons de l'abandon n'ont pas à pas être abordées par les parents adoptants, ainsi que tout ce qui concerne, la vie "d'avant". Ce n'est pas leur rôle. L'enfant leur demande d'être ses parents, et donc parler des "autres parents" me semble pernicieux. Il faut trouver quelqu'un extérieur au cercle familial qui puisse avoir ce sujet avec l'enfant sans être lui même affectivement partie prenante.
Personnellement j'ai extrêmement souffert de ne pas avoir pu poser les questions que je me posais enfant à des parents adoptifs qui ne voulaient pas parler, pour qui l'adoption était tabou. L'auraient- ils fait, je me serais sentie gênée.
Il est dommage et dommageable pour l'adopté de toujours raisonner sur ce que sont les "vrais" parents. Les adoptés en ont quatre, c'est comme ça, et chacun doit tracer sa voie avec cette réalité. Après tout, on peut avoir et aimer plusieurs enfants, pourquoi pas plusieurs parents? Et les prendre tels qu'ils sont et non tels qu'on aimerait qu'ils soient?
Cloclo
Messages : 191
Enregistré le : dim. 12 oct. 2008 16:52

Re: DIFFICULTE D'ETRE PARENTS

Message non lu par Cloclo »

Laura a écrit : Et lui dire aussi que pour moi sa maman, et pour son papa, sa venue est l'événement le plus heureux de notre vie.
Lui dire aussi, plus tard, que ma stérilité, qui fut pendant des années une source de désarroi et de souffrances, me semble aujourd'hui une véritable bénédiction. Sans elle, je n'aurais pas eu la chance inouïe de rencontrer mon fils, le plus adorable des enfants de la terre. L'idée que cet enfant puisse un jour se considérer comme « un paquet sans valeur » parce que la femme qui lui a donné la vie n'a pas pu ou voulu le garder me déchire le cœur. Laura
:roll:

Attention à ne pas mettre dans la tête de l'enfant qu'il est un "substitut" à une stérilité et lui donner un rôle qu'il ne pourra peut-être pas assumer. Il pourrait se considérer comme un cadeau et s'il ne se sent pas à la hauteur, cela pourrait le traumatiser ou déstabiliser. Combien d'enfants adoptés en conflit avec leurs parents adoptifs leur disent qu'ils sont responsables de leur abandon !
" Si vous n'aviez pas voulu adopter un enfant, je n'aurais jamais été abandonné :evil: Je suis votre cadeau, et bien il va vous coûter très cher ".
Bien sûr, cette affirmation de l'enfant n'est pas juste, mais elle lui permet de survivre face à un secret ou une explication incompréhensible pour lui. Prudence ;)
Laura
Messages : 20
Enregistré le : jeu. 12 juin 2008 20:29

Re: DIFFICULTE D'ETRE PARENTS

Message non lu par Laura »

Bonjour Cloclo,

Merci pour vos remarques auxquelles je réponds car il me semble avoir été mal comprise...
Pour moi (mais il s'agit là de convictions personnelles), la stérilité en soi n'est absolument pas un drame, je souhaite adopter un enfant depuis que je pense à la possibilité d'être mère et l'idée d'avoir un enfant issu de moi ne m'a jamais semblée plus attrayante que celle d'avoir un enfant par le moyen de l'adoption. C'est seulement plus rapide et plus facile a priori.
Tout ceci pour dire que mon enfant n'est pas du tout un substitut de l'enfant biologique dont les psy nous serinent qu'il faut faire le deuil etc. La stérilité est rendue douloureuse physiquement et moralement par les fausses couches et les grossesses extra-utérines et par le hasard de rencontres malheureuses avec des médecins arrogants et sinistres qui se comportent comme des brutes. Mon mari et moi avons fait une seule tentative de FIV, comme nous sommes tous deux féconds nous aurions pu recommencer. Nous ne l'avons pas souhaité car nous ne désirions pas plus un enfant de nous-même qu'un enfant issus d'autres gens. Cet enfant n'est pas un cadeau, il n'est pas là pour faire notre bonheur. Nous étions très heureux avant lui. Nous sommes seulement encore plus heureux avec lui. Ma crainte n'est pas que notre enfant nous "fasse payer" quoi que ce soit, ma crainte, ma seule et très profonde crainte est que mon fils soit malheureux quelles que soient les causes possibles de ce malheur (adoption ou non). J'aimerais que mon fils ne se considère pas comme abandonné. Dans les faits, il ne l'a pas été, sa mère biologique l'a confié à des gens qui voulaient devenir des parents, alors qu'elle-même ne pouvait pas, ne voulait pas devenir la « maman » de l'enfant qu'elle avait porté. Je viens sur ce forum pour trouver des conseils... pour lui. Je voudrais ne pas trop me tromper dans la façon d'appréhender et de parler de ses parents biologiques que j'ai la chance de connaître un tout petit peu. Je voudrais surtout pouvoir en partie panser cette fameuse « blessure originelle » que les adoptés sur ce forum ou sur d'autres décrivent comme si cruelle. C'est cette souffrance que je redoute et l'impuissance dont parle Athor au sujet de sa fille Emmanuelle.
Pour le moment je ne perçois pas de souffrance chez mon petit garçon, peut-être ne pourrais-je absolument rien faire pour l'éviter si elle doit apparaître un jour... C'est ce que les témoignages lus ici ou là me font redouter.

Laura
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