MERE ADOPTANTE EN DIFFICULTE D'ATTACHEMENT

[vautiouxroy]

Bonjour,

Mon histoire va sûrement choquer car je ne trouve pas sur les forums le problème qui me préoccupe. En effet, l'adoption est pratiquement toujours synonyme de bonheur.
Mon mari et moi avons adopté un enfant il y a deux ans passé (il a aujourd'hui 7 ans).
L'enfant s'est très bien intégré dans la famille, à l'école, tout le monde l'a très bien accueilli ... sauf moi, sa mère !!!!
Au début, je ne me rendais pas bien compte de cette situation mais c'est de pire en pire.
Je n'arrive pas à intégrer cet enfant dans mon quotidien, dans ma vie tout simplement.
J'espère trouver de la compréhension et de l'aide.
Merci d'avance.

[frédérique]

bonsoir
non l'adoption n'est pas toujours synonyme de bonheur ! vous n'êtes pas seule à rencontrer des problèmes;
le fait de venir chercher de l'aide ici est déjà tout à votre honneur ;
je pense que vous devriez vous faire aider par des professionnels ; certaines associations départementales d'EFA ont des groupes de paroles ; renseignez vous auprès d'elles ;
il y a aussi l'association "pétale" qui traite de l'attachement ; ne restez pas seul ;
bon courage

[nous2]

Bonsoir,
Merci d'avoir osé témoigner de cette difficulté d'attachement dans le sens mère-enfant (souvent on pense plutôt à l'inverse!). Peut-être serait-il bénéfique de mettre des mots sur ce que vous ressentez en parlant à quelqu'un de confiance qui ne vous jugera pas?! Il paraît qu'il existe un "blues post-adoption" (d'après ce que j'ai lu) qui s'expliquerait par une espèce de décompression après toute la tension du parcours, ou alors on craque parce qu'on a tellement "projeté" sur l'enfant avant qu'il n'arrive... Je ne peux pas vous aider plus car je ne suis pas encore passée par là, mais la seule chose que je voudrais vous dire, c'est: appelez à l'aide et ne culpabilisez surtout pas! D'autres personnes sont sans doute dans votre cas mais le taisent; vous osez dire vos difficultés, et c'est déjà une façon de trouver la clé pour les surmonter...
Je vous souhaite du courage, de la persévérance et de l'indulgence vis-à-vis de vous-même.

[marianne]

Bonjour,

Choquer, non, car on ne peut pas savoir à l'avance comment on va réagir...
Mais étonner oui en revanche !
Plein de questions me viennent à l'esprit, je vous les livre en vrac, ce n'est pas forcément pour avoir une réponse ici... désolée si certaines paraissent idiotes.

Vous ne nous dites pas si l'enfant va bien ou pas ?

Avez-vous parlé de cette situation à son père ? Qu'en dit-il ? Comment cela va-t il entre vous ?
Vous laisse-t-il votre place ? (En général c'est plutôt la mère qui ne laisse pas la place au père, mais bon, pourquoi pas le contraire...) Votre famille, votre entourage, vous reconnaissent-ils comme maman ?
Et l'enfant, se rend-il compte de la situation ? Vous occupez-vous quand même du quotidien ?

Y a t-il quelque chose qui vous a gênée ou surprise lors de son adoption (âge, couleur, santé...) ? Il a dû être comme tous les enfants, différent de celui que vous aviez rêvé, mais à quel point ? Cela a t-il pu provoquer un blocage ?

Enfin voilà, il me semble que le fait que vous puissiez en parler, et que vous ayez envie d'y faire quelque chose, c'est le début de la solution. Allez voir un professionnel, et bon courage pour batir une belle et vraie relation avec votre enfant !
(Et si vous voulez bien, donnez nous des nouvelles...)

[gagatte]

Je vous trouve tres courageuse de temoigner de quelque chose qui semble si tabou. Vous trouverez sur le web des articles sur ce que vous decrivez, vous voyez vous n'etes pas seule :

http://www.quebecadoption.net/adoption/ ... ssion.html

Un moment fou de bonheur, l’euphorie. Les amis, la parenté, les cadeaux qui affluent. Puis le choc de la réalité : cet enfant est là pour rester. Ce n’est plus l’enfant dont on regardait tendrement la photo et à qui on envoyait des «becs soufflés». Il bouscule les habitudes de vie. Les rêves, les attentes irréalistes, la réunion avec l’enfant qui tarde à se concrétiser, le manque de sommeil, le choc de la réalité et parfois la déception d’avoir un enfant qui ne soit pas conforme à celui issu de son imagination frappent de plein fouet les parents adoptifs. Tout n’est pas aussi beau ni aussi rose qu’imaginé. Bon nombre de parents se sentent coupables d’éprouver des sentiments d’ambivalence, de rancœur et de colère envers leur enfant. La croyance populaire d’amour et d’attachement instantané en est une imaginaire et très irréaliste. Après l’euphorie du début, se succèdent les moments, souvent difficiles, de découverte et d’ajustement à l’enfant.

http://www.adoption.ca/FB2C20.pdf
Un temoignage

Ces articles evoquent la depression pos-adoption qui dure generalement entre six mois et un an, mais peut-etre trouverez-vous des points communs avec le debut de votre rencontre avec votre fils qui pourraient vous aider a comprendre ce qui s'est joue entre vous deux par la suite, votre difficulte d'attachement?

Envisageriez-vous de parler avec un psy de vos difficultes a investir cet enfant?

Je voudrais ajouter que ce que vous decrivez arrive aussi a des mamans biologiques qui n'arrivent pas un sentir un lien avec leur enfant, pour des raisons tres variees d'une maman a l'autre (mauvais depart avec son enfant, mauvaise image de soi en tant que maman...), mais que rien n'est jamais perdu. Il n'est pas trop tard

Je suis sure que vous souffrez beaucoup de cette situation, comme Marianne je me demande si vous avez quelqu'un a qui vous pouvez parler de tout cela, en particulier votre mari.

Beaucoup de courage a vous

[Lilipi49]

Bonjour vous avez du courage de venir témoigner bravo et je suis certaine que vous n'êtes pas la seule ! A la maternité j'ai rencontré des mamans qui parlaient lors de réunions qu'elles n'arrivaiznt pas du tout à avoir des sentiments forts (dont tout le monde parle) pour leurs bébés. Alors ne culpabilisez pas. De surcroit, j'espère que vous viendrez témoigner de votre parcours içi régulièrement parce que ça peut nous servir à nous tous, içi, en début de parcours d'adoption. Je pense que trouver une oreille attentive vous soulagerait et un professionnel vous conseillerait concrétement et vous rassurerait certainement. Bon courage.

Je suis de l'avis de Marianne :

il me semble que le fait que vous puissiez en parler, et que vous ayez envie d'y faire quelque chose, c'est le début de la solution

[vautiouxroy]

Bonjour,

Tout d'abord je veux toutes vous remercier de vos témoignages de soutien et de compréhension qui m'ont vraiment fait chaud au coeur à en pleurer. Cela fait un bien fou de se sentir comprise.
Lors de mon premier témoignage, je n'ai pas osé en dire trop loin sur mon histoire de peur d'être mal jugée, mais maintenant que j'ai trouvé du soutien je vais essayer de répondre à Marianne.
L'enfant va très bien. Il est gai, travaille bien à l'école, s'entend bien avec sa soeur (fille biologique âgée de 9 ans), son père et ses grands-parents, enfin tout le monde.
Mon mari comprend mon désarroi parce qu'il lui arrive aussi d'éprouver des moments de rejet mais ils sont très éphémères.
Nous arrivons encore à en parler mais il ne supporte plus cette situation et il me le fait sentir. Aussi, il me reproche de ne pas faire d'efforts, que ce n'est qu'un enfant de 7 ans qui n'a rien demandé. L'ambiance dans notre couple s'en ressent beaucoup et je crois que mon mari, ma fille et ma mère, conscients de mon état, compensent en en faisant plus que trop avec cet enfant et en me délaissant un peu plus chaque jour. C'est un peu comme si il avait pris ma place dans la famille, tout le monde gravite autour de lui. C'est un enfant très sociable et charmeur que tout le monde apprécie. Il préfère aller en vacances chez ma mère plutôt que de venir avec nous faire du ski. Je ne devrais pas me vexer mais comme j'ai déjà beaucoup de mal à créer un lien, d'entendre cela ne m'aide pas beaucoup.
J'arrive encore à gérer le quotidien à la maison mais je me sens épuisée.
Pourtant, le jour de la rencontre avec cet enfant j'ai été tout de suite séduite, plus que mon mari.
Un an plus tard, lorsque nous sommes allés le chercher à l'orphelinat, il m'a sauté au cou et j'étais ravie.
Mais il s'est tout de suite plus tourné vers mon mari, et je le réalise maintenant.
Depuis un mois, je suis suivie par une psychologue qui essaye de trouver des solutions. Pour l'instant, ce n'est pas miraculeux.
Espérons que le temps fasse le nécessaire car je ne pensais pas éprouver de tels sentiments qui m'étouffent et me culpabilisent.
J'ai souvent l'impression d'être envoûtée et j'aimerais que l'on me pince pour que je me réveille de ce cauchemar.
Merci encore mille fois d'avoir pris du temps pour me répondre.

[marianne]

Merci pour ces précisions !
Je ne sais pas si vous avez toute confiance en ce psychologue, mais j'ai envie de vous dire que si ça ne fonctionne pas rapidement, il vous faut en trouver un autre. Peut-être plutôt un psychothérapeute, dont le travail est plus de trouver des solutions "rapides" aux problèmes, de vous faire fonctionner, en quelques séances. Même si ça n'empêche pas après de continuer à creuser le problème.

Je vais peut-être être pessimiste, mais je ne crois pas que le temps suffise tout seul. Il me semble qu'il y a des noeuds dans votre histoire, on lit dans votre message une confusion des places dans votre famille. Vous êtes comme en concurrence avec votre fils auprès votre mère et auprès de votre mari ? Pourtant vous êtes sa mère et non sa soeur (avez-vous un frère ?), et votre mère est sa grand-mère, elle ne prendra jamais votre place. Vous êtes aussi la femme de votre mari et là non plus votre fils ne peut prendre votre place (désolée je dis des évidences). De plus vous dites que vous avez été séduite ? Je comprends mais c'est un choix de terme curieux... A vous de démêler tout cela, peut-être en famille, car vous n'êtes pas seule dans "le jeu". Votre mari a aussi son rôle à jouer, votre fils est plus allé vers lui au début, ça arrive souvent (avec l'un ou l'autre parent), mais ensuite c'est au parent "favorisé" d'aider l'autre à prendre sa place. Il y a peut-être quelque chose dans votre histoire familiale qui engendre une confusion, qui n'a peut-être rien à voir avec ce petit garçon là, mais qui ressort simplement à cette occasion.

Enfin voilà je ne sais pas si c'était très clair, désolée ça fait un peu psy de comptoir, c'est vraiment juste mon ressenti, des idées en l'air qui sont peut-être complètement fausses, j'espère que personne n'y verra plus que cela.

Bon courage, vous allez retrouver votre place ! Et votre fils la sienne, et ça sera bien mieux pour lui, même s'il a l'air bien dans ses baskets, il a besoin de vous comme mère, et aussi d'être à une place de fils et non sur un piédestal, ce que vous pressentez très bien en disant que les autres en font trop. Vous avez raison de creuser, raison de vouloir récupérer votre place pour remettre tout le monde à la sienne !

Courage !

[gagatte]

Marianne quand ma fille est nee, j'ai ete jalouse d'elle! Je n'etais plus la fille de ma mere, mais la mere de sa petite-fille adoree! Ces choses-la arrivent

De plus j'etais tres mal physiquement et moralement, mais cela ne semblait interesser personne, il n'y avait plus que le bebe.

Je n'ai pas de honte a le dire, cela arrive a beaucoup de mamans! Trouver, retrouver sa place apres l'arrivee d'un enfant c'est parfois complexe, surtout quand on doute de ses capacites de maman... on se disqualifie vite aupres de son enfant, mais c'est tres douloureux (sentiment de rejet, de nullite, d'impuissance, de culpabilite). Je ne vois pas ici de probleme de concurrence a la base, mais plus un cercle vicieux, maman se sent impuissante et rejetee par un enfant qui se tourne vers le papa et va super bien, la famille compense et prend de plus en plus la petite place de la maman...

Cet enfant me semble aller etrangement bien a moi. Et la maman n'en peut plus, elle s'est epuisee moralement depuis deux ans.

Sinon a part ces petites precisions, je suis d'accord avec ton message.

Vautiouxroy je vous ai envoye un e-mail

[billette]

Le même chose m'arrive, ou est en train de m'arriver. J'ai adopté une fratrie , les enfants sont arrivés depuis peu et je n'arrive pas à m'attacher à la fille de 4 ans et demi. Dès le début (séjour sur place) elle a plutôt voulu suivre son père -ce qui est normal à son âge-. J'avais exprimé mes réserves à mon mari, qui ne les a pas écoutées, pour lui l'attachement aux enfants est un phénomène spontané et il faut dire qu'il gâtise facilement . Elle m'a rejeté violemment au début de son arrivée et depuis je ressent un vrai malaise en sa présence, c'est presque physique. Depuis elle fait des efforts mais moi je n'accroche pas du tout. L'ambiance de mon couple s'en ressent, bien sûr. Avec son frère pas de problème, on s'entend bien. Je trouve la situation injuste pour l'enfant mais j'ai beaum e raisonner je n'y arrive pas. Que faire à votre avis ?